En détail...
Hydromel… Derrière ce mot chargé de mythes et de fantasmes, se cache un univers riche et complexe de saveurs. C’est un mot que l’on a tous déjà lu ou entendu et pourtant, la méconnaissance du grand public pour ce breuvage millénaire l’enveloppe encore de mystère.
Voyons d’abord sa signification.
Le droit français est strict sur la définition de l’hydromel, il n’autorise l’emploi du mot « hydromel » que pour les boissons provenant « exclusivement de la fermentation d’une solution de miel dans l’eau potable. » Il autorise l’ajout de certaines levures et de différents additifs « qui ont pour objet la préparation régulière ou la conservation de l’hydromel ».
Ces quelques règles ont le mérite d’être claires, l’hydromel doit être composé de deux ingrédients :
- de l’eau potable
- du miel
Nous tenons là notre nom, issu du grec ancien : « húdôr », l’eau et « méli », le miel (ou plus ancien encore, du proto indo-européen « wódr̥ » et « mélit ». Ces ingrédients sont mêlés puis laissés à fermenter, jusqu’à obtenir une bonne boisson alcoolisée, dont la douceur et la force dépendent essentiellement des dosages et de la méthode de fermentation. Les producteurs, d’aujourd’hui comme d’antant, préfèrent souvent l’usage de levures, garantes de reproductibilité de la production pour qui sait y faire, mais aussi du gain du temps, car une fermentation endogène (sans ajout de levures) peut s’étaler sur des mois.
De nombreux paramètres rentrent dans les calculs de l’élaboration de l’hydromel, à commencer par le choix de l’eau, du ou des miels et des levures, mais aussi des températures et de l’environnement. Toutes ces clefs laissent des possibilités infinies de recettes, qui font de l’hydromel une boisson complexe, riche et subtile, qui, à l’instar du vin ou de la bière, pourrait trouver sa place sur n’importe quelle table, tant pour l’apéritif que pour accompagner toutes sortes de plats, de fromages ou de desserts.
Ne considérons pas pour autant l’hydromel qu’à travers une définition trop rigoureuse.
Si sa base a toujours été d’eau et de miel, et c’est bien la moindre des choses, de nombreux autres ingrédients s’y sont vus mêlés à travers le temps, que ce soient des herbes, des fruits, des épices ou d’autres alcools.
Certes, avec de telles recettes, nous ne sommes plus dans les clous de la législation française, qui est probablement la plus stricte à l’égard de notre doux breuvage, c’est pourquoi vous trouverez régulièrement les appélations « alcool de miel », « boisson fermentée à base de miel » ou « spiritueux à base de miel » dans notre catalogue. Il n’y a pas lieu pour autant de parler de vrais ou de faux hydromels, depuis que l’être humain fait fermenter du miel, il se sent libre d’y faire macérer ce qui lui semble bon, au fil de l’évolution du goût et de la mode.
Bons ou mauvais, c’est la seule bonne question, à laquelle ne pourra répondre que celui qui aura le privilège de tremper ses lèvres dans la coupe qui lui est tendue.
Mais l’hydromel, c’est aussi l’Histoire. On le sait bien connu des vikings, qui s’en font servir de pleines cornes par les Valkyries au Walhalla ; ou qui, de leur vivant, l’offraient aux Dieux ou le partageaient dans une miöðranni, une halle à hydromel.
Mais les Scandinaves ne sont pas les seuls à avoir trinqué à l’hydromel lors de banquets. Le breuvage était populaire partout en Europe il n’y a qu’une bonne poignée de décennies, on le sait aussi aimé des Romains, des Grecs et des Celtes de l’Antiquité, on en trouve même des traces dans des tombes datant du néolithique.
Et bien sûr, ses frontières ne s’arrêtent pas à l’Europe. On en trouve la trace dans la plus ancienne boisson fermentée connue des archéologues, à Jiahu, dans l’Est de la Chine ; mais aussi dans le Veda, les textes sacrés de l’hindouisme ou encore dans les chants épiques d’Afrique Occidentale. Bref, le miel fermenté enivre nos ancêtres depuis des millénaires, quelles que soient nos origines.
La boisson des Dieux a perdu de son éclat mythologique, elle semble ne survivre que de ses mentions dans des séries, des jeux vidéos et des traités d’Histoire. On ne la trouve pas sur les cartes de nos restaurants et rarement dans les rayons de nos magasins, elle est même confondue avec la bière ! En France, il faudra souvent la chercher sur des stands apicoles ou déambuler sur des fêtes médiévales pour espérer en trouver quelques bouteilles. Mais le fantasme que suscite son nom et la simplicité des ingrédients qu’elle contient, mettent à ses trousses de nombreux curieux et rêveurs qui se mettent en quête d’une bouteille d’un bon hydromel.
Il se trouve pourtant de part le monde, des endroits où l’hydromel est resté activement dans les mœurs jusqu’à aujourd’hui, des pays où cette boisson est bien trop commune pour y voir encore un élément mythique: En Europe, c’est particulièrement le cas en Pologne et en Lituanie, où on peut s’enquérir de miód pinty et de midas dans la plupart des magasins ayant un rayon alcool. En Éthiopie, le t’edj ( ጠጅ est la boisson nationale et peut se déguster dans les nombreuses ጠጅ ቤቶች.